Le tout récent label Lucasfilm Games vient de confier un projet Star Wars à Ubisoft, plus spécifiquement Massive Entertainment, le studio derrière The Division.
Nous voici un jour après l’officialisation d’un projet Indiana Jones. Le développement est confié au studio MachineGames (Wolfenstein) de Bethesda Softworks, sous la production exécutive de Todd Howard (The Elder Scrolls, Fallout). Mais aujourd’hui, les portes du label Lucasfilm Games, remis à neuf, s’ouvrent sur de nouveaux horizons vidéoludiques en faveur de Star Wars. Le 13 Janvier 2021, un communiqué accompagné d’une vidéo sur le site officiel de Starwars.com révèle que Lucasfilm Games devient dès à présent l’entité de référence pour tout contenu relatif à Lucasfilm. Ce groupe met un point d’honneur à travailler dès à présent « avec les meilleurs studios de l’industrie« , des mots lourds de signification, au vu du contrat censé relier The Walt Disney Company à Electronic Arts depuis 2013.

Car en Novembre 2013, un mois après la fermeture de LucasArts qui gérait alors toutes les productions liées à Lucasfilm, Electronic Arts récupère les droits d’exclusivité sur la production de jeux vidéo Star Wars. Le Chief Financial Officer & vice-président exécutif de EA Games, Blake Jorgensen, déclare à ses investisseurs que le contrat est prévu pour durer au moins 10 ans. Pourtant, un projet Star Wars se voit aujourd’hui attribué à Ubisoft alors qu’il reste deux ans au compteur. L’équipe de Wired n’a pas pu déterminer si ces fameux 10 ans relevaient d’une citation erronée, d’une exaggération ou si le contrat avait été interrompu. Le journal reste en attente de confirmation officielle. En l’état actuel, il a été confirmé officiellement qu’Electronic Arts est toujours en mesure de produire des jeux Star Wars à l’avenir. Mais Lucasfilm Games est libre de démarcher d’autres studios en vue de façonner de nouveaux titres. Et c’est ainsi que 8 ans après l’établissement du contrat d’exclusivité entre The Walt Disney Company et Electronic Arts, la licence se voit confiée à Ubisoft, plus précisément au studio Massive Entertainment.
Le projet est pensé comme un monde ouvert, terrain de jeu avec lequel Massive Entertainment se sent clairement familier après avoir créé les deux opus de la licence The Division. Les détails sont très épars pour le moment, étant donné que le studio en est toujours à l’étape des recrutements et des tout premiers stades de production. Julian Gerighty, le réalisateur de The Crew et The Division 2, se voit placé à la tête du chantier en tant que Directeur créatif. De même, le moteur de jeu Snowdrop, utilisé par le studio sur la licence The Division, est parti pour être de nouveau mis à contribution.
La fin d’une exclusivité après une série de difficultés pour Electronic Arts
Star Wars n’est plus l’apanage exclusif d’Electronic Arts. Ce revirement de situation intervient au terme d’un parcours passablement houleux pour le géant EA Games vis-à-vis de la saga de George Lucas. Selon les informations rassemblées par le célèbre Jason Schreier, trois projets ont été annulés : le projet d’action-aventure narratif « Ragtag » réalisé par Amy Hennig (Uncharted), le projet « Orca » en monde ouvert géré par le studio EA Vancouver, et le projet « Viking » pensé comme un spin-off de Battlefront en monde ouvert, fait par le studio Criterion (Need for Speed). Avec ces trois faux-départs, en huit ans d’exclusivité depuis Mai 2013, l’éditeur n’a publié que quatre jeux. Avant les sorties très récentes de Jedi : Fallen Order en 2019 (Respawn Entertainnment) et de Squadrons en 2020 (EA Motive), le catalogue du seul éditeur au monde à pouvoir publier du contenu Star Wars se résumait à un seul titre : Battlefront. Le premier épisode en 2015 et le second en 2017. Au grand dam de tous, le deuxième opus a généré un raz-de-marée dans l’industrie vidéoludique, et pas le genre de tsunami dont il est bon d’entendre parler.
Retour en 2017, à l’aube de la sortie de Battlefront 2. Au fur et à mesure que le jour J se rapproche, il devient clair aux yeux de la communauté que la progression du jeu est freinée par un système de loot boxes, ces tristement fameuses caisses à butin aléatoire qu’il est possible d’acheter en masse contre de l’argent réel. Un dispositif de monétisation particulièrement insidieux. Au mieux, il incite à réveiller moult frustrations chez le joueur moyen, la progression étant potentiellement dépendante de l’argent investi. Au pire, il déclenche les instincts les plus compulsifs chez les personnes vulnérables à l’addiction des jeux de hasard. Cette monétisation est mise en place pour compenser la gratuité des contenus additionnels, Electronic Arts étant attaché au modèle du « jeu-service » que l’on approvisionne sur la durée. Mais la pilule ne passe pas en termes d’éthique aux yeux des joueurs. Tant sur le danger psychologique que sur l’idée d’être soumis à des taxations supplémentaires, après avoir acheté le jeu de base au prix fort.

Soulèvement de la communauté, couverture constante des content creators sur Youtube, traitement régulier dans la presse spécialisée mais aussi et surtout relais de l’affaire au sein de la presse majeure (Le Point, Forbes, CNBC…), interventions de représentants officiels du gouvernement à travers le monde qui appellent à la régulation urgente des lootboxes, Electronic Arts qui fait marche arrière quelques heures avant le lancement du jeu… Le débat sur ces caisses à butin aléatoire était déjà en place depuis quelques années. Mais l’éditeur américain est parvenu à amener ce débat aux premières loges en l’introduisant dans une licence de pop culture qui affecte une vaste audience, tout spécifiquement le jeune public, d’autant plus vulnérable à l’addiction.
Nous n’avons jamais pu déterminer si un tel scandale à l’échelle mondiale avait eu des conséquences sur le partenariat entre The Walt Disney Company et Electronic Arts. Les deux partis s’en sont toujours tenus à démentir les bruits de couloir via un discours aussi formel que positif sur leurs liens commerciaux. Toutefois, le fait que Lucasfilm Games s’écarte d’emblée du modèle d’exclusivité qui les a reliés à Electronic Arts indique que les têtes pensantes au sein de Disney souhaitent élargir leurs perspectives. « Electronic Arts a été et continuera d’être un partenaire très stratégique et important pour nous, aujourd’hui comme demain. Mais nous avons effectivement pensé qu’il y avait de la place pour d’autres » déclare Sean Shoptaw, vice-président senior de Disney Global Games and Interactive Experiences, interrogé par les journalists de Wired.
Le projet de Massive Entertainment n’en étant qu’à ses premiers stades, le produit final n’arrivera certainement pas sur les étals avant la fin du contrat établi avec EA Games. Tout porte à croire que les dates contractuelles seront respectées. Mais quoiqu’il en soit, Lucasfilm Games aura certainement pris soin d’aller à la rencontre de nouveaux partenaires bien avant que l’accord avec Electronic Arts ne soit achevé. Comme le rappelle Jason Schreier sur Twitter, il s’agit d’une bonne nouvelle pour les joueurs comme pour les dirigeants actuels de l’éditeur américain, qui ont hérité d’un contrat d’exclusivité dont ils n’ont jamais vraiment voulu.
Sources : Wired – VGC – Eurogamer – PC Gamer – Jason Schreier –
Images Copyrights : Electronic Arts – Lucasfilm Games (logo) – Ars Technica (Battlefront 2 loot boxes)