Leader incontesté du domaine du streaming, Netflix profite du confinement du COVID-19 pour atteindre de nouveaux records et friser les 183 millions de clients.
Le premier quart fiscal de 2020 s’est avéré particulièrement lucratif pour le géant Netflix, étant donné qu’un nombre massif de gens aux quatre coins du monde sont confinés à domicile et se tournent en partie vers la vidéo et le streaming pour se divertir. Avec 15,8 millions de nouvelles inscriptions, cela fait dorénavant une somme avoisinant les 183 millions d’abonnés pour le groupe.
Les premières prévisions de Netflix partaient sur une croissance de 7 millions de comptes supplémentaires, mais c’était une analyse estimée sur une situation de COVID-19 antérieure au contexte actuel de pandémie et de restrictions de fréquentations sociales.
Loin de célébrer à tout-va la hausse des abonnements au profit de la compagnie, le PDG Reed Hastings a rédigé une note pleine d’inquiétudes à l’attention des actionnaires. Pour lui, ce gain exceptionnel de spectateurs est avant tout dû à une situation de crise sans précédent à l’échelle mondiale. Une crise qui provoque des problèmes financiers à toutes les échelles, avec les répercussions que cela implique sur les vies professionnelles et personnelles de chacun.
Bien que Netflix puisse constater une hausse temporaire en termes de visionnage et un accroissement de la base d’utilisateurs payants, ils s’attendent à une baisse prochaine de ces deux facteurs dès la fin du confinement – chose que Reed Hastings espère aussi tôt que possible. Pour le moment, les prévisions du groupe partent sur 7,5 millions de comptes supplémentaires pour le second quart fiscal 2020 (d’Avril à Juin) mais ces estimations s’avèrent plus théoriques que jamais, étant donné l’imprévisibilité de l’évolution de la situation.
Pour palier à la hausse significative d’inscriptions, le groupe a investi dans la création de 2 000 postes supplémentaires au service clientèle, ce dernier ayant subi un contre-coup sévère – mais temporaire – dans sa capacité à opérer à cause des règles de confinement à domicile.
Il convient de rappeler que la hausse importante des comptes de Netflix s’inscrit également dans le cadre d’une compétition plus féroce que jamais. Si les 183 millions d’abonnés font du groupe le leader incontesté du marché, le domaine du streaming voit dorénavant s’affronter une ribambelle de services tous plus affamés les uns que les autres.
D’un côté, Amazon Prime possède 150 millions d’abonnés – la quantité de gens utilisant le service Prime Video reste non-spécifiée par le géant du commerce. De l’autre côté, Quibi vient de lancer son streaming pour smartphones et a rassemblé 1,7 millions d’abonnés sur sa semaine de lancement. Entre les deux extrêmes, nous avons un affrontement opposant Disney+ et ses 50 millions d’utilisateurs, Apple TV+ et ses 33 millions de comptes (la grande majorité étant là grâce à l’offre des 12 mois gratuits), mais aussi Peacock avec sa base de 31,5 millions d’utilisateurs américains affiliés à Comcast, sans oublier HBO Max de WarnerMedia qui sera lancé le 27 Mai 2020.
Reed Hastings se montre bon joueur face à l’arrivée d’une telle compétition, estimant que la concurrence ne peut que faire grimper le niveau du streaming vers de nouvelles hauteurs de qualité. Il se montre tout particulièrement impressionné par Disney+ et ses performances actuelles, et a l’intention d’accroître son offre destinée au public enfant afin de rivaliser avec la plateforme de The Walt Disney Company.
J’ai été vraiment impressionné par le lancement de Disney+. Je n’ai jamais vu une telle démonstration d’un apprentissage + maîtrise d’un nouveau domaine.
Reed Hastings, PDG de Netflix
À l’heure actuelle, Netflix n’est que partiellement impacté par le COVID-19. Bien évidemment, le groupe est concerné par l’arrêt de la production cinématographique et télévisuelle hollywoodienne (avec quelques exceptions en Islande et en Corée du Sud). Mais l’essentiel du contenu à venir pour le second quart fiscal 2020 devrait atterrir sur la plateforme sans encombres (avec toutefois quelques retards au niveau des doublages sur certains projets). La production de contenus animés poursuit son cours depuis des installations à domicile (plus de 200 projets sont en cours de post-production). Le Directeur du contenu Netflix, Ted Sarandos, a souligné que la plupart des saisons télévisées de 2020 avaient achevé leur tournage et pouvaient poursuivre tranquillement leur post-production.
The Hollywood Reporter conclut l’article sur la balance financière de Netflix. Le groupe a passé des années à investir d’énormes quantités d’argent pour créer et apporter du nouveau contenu sur sa plateforme de streaming, mais c’est un afflux de dépenses qui l’a mené à un endettement de plus en plus significatif. L’interruption de la production hollywoodienne, couplée à l’augmentation nette du nombre d’abonnements (et donc de revenus réguliers), a tout de même permis au groupe de descendre d’une perte prévisionnelle de liquidités de 2,5 milliards par an à un déficit de 1 milliard. Les actions de Netflix ont notamment connu un bond de presque 32% depuis le début de l’année 2020.
Sources: The Hollywood Reporter – Deadline –
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